vendredi 28 août 2009

Considérations autour de "Dark Water"de Hideo Nakata


Je viens de voir Dark Water, et c'était mieux que ce à quoi je m'attendais, à savoir un sous Ring!
Et Ring m'avait déjà pas tant emballé que ça... Je trouvais ça un peu trop ado le coup de la rumeur autour d'une vidéo bizarre, et ethnocentré avec ses fantômes pur-sang japonais pour que ça m'atteigne vraiment. On m'avait tellement dit que j'aurai peur,  que juste après l'avoir vu, j'avais toujours pas l'impression de l'avoir vu.
Et bien avec Dark Water j'ai eu peur, et je l'ai trouvé vraiment plus abouti et plus mature que son prédécesseur, malgré ce qu'ils disent dans Télérama!

Déjà, la thématique y est moins teenager qu'une légende urbaine, c'est plus intimiste et subtile (même si le fait de tenter d'apporter une sépulture décente au fantôme de Ring m'a parut soulever des questions intéressantes, je ne jette pas tout).
C'est en effet avant tout le rapport "mère/fille"avec toute sa complexité et ses perversités qui est ici mis en question.
Rien que le titre "Dark water", ça me rappelle trop mes cours de psychanalyse.
Pour tenter de synthétiser, les rêves et angoisses d'océan débordant et d'eau qui submerge y sont souvent associés à l'angoisse de séparation de l'enfant d'avec la mère. D'un côté, on veut se réfugier auprès de la mère car elle nous protège et nous aide à constituer notre identité, mais de l'autre, la mère est un peu trop "débordante", et elle fait peur car on a peine à avoir une existence en dehors d'elle, et du coup ici à trouver notre identité. Du coup la mère construit et tue à la fois notre identité personnelle, d'où ce sentiment de noyade et de dissolution.
Alors ça fait bizarre de s'apercevoir que de façon intuitive, l'auteur a explicitement et visuellement mêlé l'eau sale et trouble aux rapports mère fille.
Et puis dans ce film, il y a aussi ce style d'angoisse bien particulier, où la frayeur émane du décor quotidien. Quelque chose cloche dans le monde normal. Comme chez Lynch, une silhouette étrange apparaît où elle ne devrait pas. L'eau du bain se met insidieusement à faire peur, et moi qui suis d'une sensibilité très perméable, c'est le cas de le dire, je sais que je vais y penser en prenant mes prochaines douches. Déjà que depuis "Psychose", voire  l'eau qui s'écoule par le trou du robinet me mettait mal à l'aise..
On pressent à chaque fois, dans le film, quand quelque chose d'effrayant va se passer, on est pas étonné. L'étonnement vient plutôt que ça survienne toujours d'éléments anodins du quotidien. De plus, on ne veut surtout pas que ça arrive, tout en sachant pertinemment que ça arrivera quand même, exactement comme la mère à la fin sait que ce n'est pas sa fille mais le fantôme qu'elle tient dans ses bras.
Et le malaise est là : pas dans l'effet de surprise comme dans les films d'horreur à la con, mais juste dans cette attente horrifiée, voilà..

Sinon, niveau critique, qu'est ce que j'ai pensé du film??
Que les deux premiers tiers étaient bien maîtrisés, entre le drame intimiste et le malaise du surnaturel. C'est bien réalisé, plans efficaces, parfois même poétiques avec tous ces parapluies japonais sous la pluie. Pas de chichis en trop (toujours contrairement à ce qu'ils disent dans Télérama). Par contre, vers la fin, je trouve que ça se gâte, qu'une plus grande sobriété aurait été de mise. Le coup de l'ascenseur est un peu grand-guignol, et les scènes moins utiles, que se soit dans le cadre social ou"fantomatique", se multiplient un peu trop à mon goût.
Peut être également que tout le dilemme du film aurait pu se dénouer autrement, avec quelque chose de plus ambigu, moins didactique et narratif..
Il n'en reste pas moins que c'est un film intéressant, et que grâce à lui, on se souvient bien de comment ça fout les boules une école maternelle quand on est le dernier qui reste parce que les parents qui ne viennent pas nous chercher semblent nous avoir abandonnés!
Ou tout simplement quand on y déambule seul, sous le vieux préau lézardé ou dans les couloirs glauques..

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